Une nouvelle prise en charge du cancer de la prostate métastatique

Actualités sur la Prostate

Rédigé par Deborah L. et publié le 28 septembre 2021

Nous évoquions dans un précédent article les premiers résultats de l’essai clinique européen  PEACE 1 relatif au traitement du cancer de la prostate. D’après cet essai, pour les formes métastatiques, combiner d’emblée une hormonothérapie de nouvelle génération à une hormonothérapie classique et une chimiothérapie ferait gagner deux ans et demi de survie sans progression de la maladie. Le congrès de l’European Society for Medical Oncology (ESMO) a été l’occasion de présenter les derniers résultats de cette étude prometteuse sur la survie globale.

Prise en charge du cancer de la prostate métastatique

Prise en charge du cancer de la prostate métastatique

Parmi les 50 000 nouveaux cas  de cancer de la prostate diagnostiqués chaque année, environ 10% se révèlent d’emblée métastatiques, ce qui signifie que le pronostic de survie à long terme n’est pas élevé.

Il y a encore une dizaine d’années, la prise en charge du cancer de la prostate à un stade avancé s’appuyait uniquement sur l’hormonothérapie traditionnelle. Mais l’espérance de vie n’excédait pas 3 ans. C’est à partir de 2015 que l’arsenal thérapeutique s’est renforcé avec la chimiothérapie (le docétaxel) et un anti-androgène de nouvelle génération  (l’abiratérone) améliorant les résultats de l’hormonothérapie traditionnelle. D’autres hormonothérapies et la radiothérapie ont aussi montré un intérêt.

Bien que les  progrès dans les traitements aient permis d’améliorer visiblement la survie des patients ces dernières années, les scientifiques se heurtent à un manque de données quant au bénéfice du cumul immédiat de différents traitements.

Dans ce contexte, l’étude européenne PEACE 1 a eu pour objectif d’évaluer l’intérêt de combiner trois traitements en première ligne de traitement du cancer de la prostate métastatique. Les chercheurs souhaitaient comparer le bénéfice d’une combinaison de 3 médicaments sur deux critères principaux : la survie sans progression de la maladie et la survie globale.

À savoir ! L’amélioration de la survie globale est le critère privilégié pour démontrer le bénéfice d’un médicament anticancéreux. La survie sans progression est considérée comme un critère de substitution de la survie globale. Elle s’applique aux situations métastatiques et mesure le temps durant lequel il n’y a pas de manifestation clinique d’une progression tumorale.

Amélioration de la survie sans progression et de la survie globale

Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont suivi pendant 5 ans une cohorte de 1173 patients répartis de façon aléatoire en deux groupes. Le groupe contrôle a reçu le traitement standard seul (hormono-chimiothérapie dans la majorité des cas), et le groupe test un traitement combinant 3 thérapies : hormonothérapie classique + chimiothérapie + hormonothérapie de nouvelle génération  (1000 mg d’abiratérone/jour) ou radiothérapie de la prostate.

Il ressort de cet essai que pour les formes métastatiques, combiner d’emblée une hormonothérapie de nouvelle génération à une hormonothérapie classique et une chimiothérapie ferait gagner deux ans et demi de survie sans progression de la maladie.

Quant aux résultats relatifs à la survie globale, ils ont récemment été présentés lors du congrès de l’European Society for Medical Oncology (ESMO). D’après le professeur Karim Fizazi, oncologue et investigateur principal de l’étude PEACE 1, cette stratégie permettrait de réduire le risque de décès de 25%, avec une survie globale augmentée de 18 mois (5 ans contre 3,5 ans dans le groupe contrôle) pour le groupe de patients présentant une forte charge tumorale.

Les scientifiques ont également fait une observation intéressante : la survie globale a également augmenté chez 84% des patients du groupe contrôle ayant reçu de l’abiratérone (ou un médicament équivalent) comme traitement de rattrapage après progression de la maladie. De plus, les effets secondaires supplémentaires avec la trithérapie étaient pour la plupart légers, avec très peu d’effets secondaires graves. Ce constat soutient l’intérêt de la stratégie d’utilisation de l’abiratérone dès le début du traitement.

Et la prise en charge du cancer de la prostate métastatique au niveau thérapeutique ?

Ces résultats représentent une avancée majeure et porteuse d’espoir pour les patients atteints d’un cancer de la prostate au stade d’emblée métastatique. Vu le bénéfice important affiché en termes de survie sans progression et de survie globale, l’étude plaide nettement en faveur de l’association simultanée  des 3 thérapies d’emblée. « Peace-1 est le premier essai à établir qu’un traitement par « triplette » doit être proposé à ces hommes, en particulier à ceux atteints de cancers les plus agressifs. », selon le professeur Fizazi :

Pour le scientifique, ces résultats encourageants devraient conduire à des changements dans la stratégie thérapeutique des cancers de la prostate métastatiques et ainsi « permettre à beaucoup d’hommes de vivre plus longtemps ». Tous les espoirs semblent désormais permis !

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Cancer prostatique métastatique : la survie fortement améliorée avec une combinaison de 3 traitements connus. egora.fr. Consulté le 25 septembre 2021.
– Cancer de la prostate métastatique au diagnostic. Combiner deux hormonothérapies et une chimiothérapie double la survie sans progression. unicancer.fr. Consulté le 25 septembre 2021.
– Les résultats de 23 études cliniques promues par Unicancer présentés à l’ESMO 2021. Unicancer. unicancer.fr. Consulté le 25 septembre 2021.