En France, le cancer de la prostate représente un quart des cancers diagnostiqués chez l’homme. Le diagnostic précoce et une prise en charge adaptée à la gravité de la tumeur sont essentiels pour optimiser le pronostic des patients et leur qualité de vie. Dans ce contexte, des chercheurs français viennent de faire une double découverte, qui pourrait fournir de nouveaux outils pour le diagnostic et le pronostic du cancer de la prostate. Explications.
Cancer de la prostate et dosage du PSA
Le cancer de la prostate est le second cancer le plus fréquent chez l’homme. Pour garantir le meilleur pronostic possible pour le patient, un diagnostic précoce est fondamental. Actuellement, le marqueur sanguin utilisé pour ce diagnostic est le dosage du PSA (Prostatic Specific Antigen). Mais ce marqueur n’est pas totalement spécifique du cancer de la prostate, et fait souvent débat au sein de la communauté médicale et scientifique. De plus, son dosage ne permet pas de distinguer :
- Les tumeurs dites indolentes, dont l’évolution est lente ;
- Les tumeurs agressives, qui nécessitent la mise en route immédiate d’un traitement.
En l’état, certains patients sont traités précocement alors qu’ils n’ont qu’une tumeur indolente, qui pourrait être prise en charge initialement par une surveillance renforcée, tandis que d’autres patients sont traités un peu tardivement, alors que leur tumeur est agressive. L’identification d’un marqueur plus spécifique et plus prédictif du cancer de la prostate représente donc un enjeu majeur pour les médecins et les patients.
Un nouveau marqueur du développement du cancer de la prostate…
Depuis des années, les chercheurs tentent d’identifier un tel marqueur qui pourrait aider les équipes médicales dans le diagnostic et la prise en charge du cancer de la prostate. Une identification qui implique d’en apprendre plus sur les mécanismes biologiques et physiologiques du développement de la tumeur, en particulier dans ses phases précoces. Le développement de nouvelles techniques de biologie moléculaire ouvre de nouvelles possibilités pour découvrir des protéines impliquées dans le développement tumoral.
Récemment, des chercheurs français de l’INSERM ont eu recours à l’une de ces techniques de dernière génération (le séquençage d’ARN en cellule unique) pour décrire les premières étapes de la naissance d’un cancer prostatique. Leur étude a été menée chez des souris génétiquement modifiées pour développer un cancer de la prostate. Ils ont identifié les gènes exprimés par chaque cellule et pour chaque stade de développement de la tumeur :
- Au stade précancéreux ;
- Au stade cancéreux.
Grâce à ces données, les chercheurs ont pu identifier la protéine HIF1A, une protéine surexprimée dans les cellules tumorales comme dans leur environnement, dès le stade précancéreux et jusqu’au stade cancéreux. Cette protéine est impliquée dans le métabolisme énergétique des cellules et sa surexpression se traduit dans les cellules tumorales par :
-
- Une croissance augmentée ;
- Un accroissement de la survie cellulaire.
En temps normal, l’expression de la protéine HIF1A est déclenchée lorsqu’il se produit un déficit local en oxygène, ce qui est le cas, lorsque les cellules tumorales prolifèrent. Chez les souris déficientes en HIF1A ou lorsque la protéine HIF1A est bloquée, la tumeur prostatique est stoppée.
… et un marqueur prédictif du risque de récidive
Parallèlement, les chercheurs ont également observé la surexpression de la protéine TGM2 dans les cellules cancéreuses à un stade plus avancé. En analysant des échantillons de tumeurs prélevés chez des patients, ils ont découvert que le niveau d’expression de TGM2 était corrélé au risque de récidive et de décès prématuré. Le recours aux nouvelles techniques de biologie moléculaire a permis aux chercheurs une double découverte, celle d’un marqueur précoce du développement d’une tumeur prostatique et celle d’un marqueur prédictif du risque de récidive du cancer.
Estelle B., Docteur en Pharmacie