Questions / Réponses


Hypertrophie bénigne de la prostate Cancer de la prostate

Questions relatives à l’hypertrophie bénigne de la prostate

Qu’est-ce que l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) ?

Encore dénommée adénome de la prostate, il s’agit d’une affection bénigne touchant la prostate. Cette affection est caractérisée par une augmentation de volume du tissu glandulaire qui compose la prostate, particulièrement dans la zone autour de l’urètre. L’urètre s’en trouve ainsi progressivement comprimé. Il s’en suit une difficulté croissante pour uriner.

Quelle est la différence entre cancer de la prostate, adénome de prostate et hypertrophie bénigne de la prostate ?

Adénome de prostate et HBP sont une même maladie qui se caractérise par une hypertrophie locale non cancéreuse du tissu glandulaire constituant la prostate.
Le cancer de la prostate est une transformation maligne du tissu glandulaire. D’abord localisé, il tend à sortir de la glande pour se propager aux organes voisins et à distance (métastases).

L’hypertrophie bénigne de la prostate est-elle une maladie fréquente ?

L’HBP clinique (c’est-à-dire avec présence de signes urinaires) concernerait en France plus de 6 millions d’hommes de plus de 60 ans.
La fréquence augmente avec l’âge : environ 20% autour de 40 ans, plus de 50 % autour de 70 ans. Chaque année, 100 000 hommes sont opérés de l’HBP.

Comment se manifeste l’hypertrophie bénigne de la prostate ?

L’HBP est longtemps silencieuse et peut le rester. La compression progressive de l’urètre est responsable de deux types de troubles urinaires :

  • des signes irritatifs liés à la rétention d’une certaine quantité d’urine malgré la fin de la miction : augmentation de fréquence des mictions le jour, apparition de mictions nocturnes de plus en plus fréquentes, envies répétées et impérieuses d’uriner quelquefois accompagnées de fuites urinaires.
  • des signes obstructifs liés à la nécessité de franchir l’obstacle prostatique : nécessité de pousser pour uriner, faiblesse du jet, mictions rallongées, gouttes retardataires en fin de miction.

L’hypertrophie bénigne de la prostate peut-elle entraîner la stérilité et/ou une impuissance ?

La prostate n’ayant aucun rôle sur la production des spermatozoïdes, l’érection et le mécanisme d’éjaculation, l’HBP n’entraîne pas de risque de stérilité ni d’impuissance. En revanche, le traitement chirurgical parfois nécessaire entraîne très fréquemment un problème d’éjaculation rétrograde (le sperme va dans la vessie lors de l’éjaculation au lieu de sortir par l’extrémité de la verge). C’est également le cas avec certains traitements médicaux destinés à traiter l’HBP.

L’hypertrophie bénigne de la prostate peut-elle dégénérer en cancer ?

Bien qu’elles touchent toutes les deux les éléments glandulaires de la prostate, HBP ne dégénère jamais en cancer. Cependant, les deux affections peuvent coexister. Ceci explique le dépistage systématique du cancer de la prostate par le dosage du PSA (Antigène Prostatique Spécifique) dans le cadre de la prise en charge d’une HBP. De même, en cas d’intervention chirurgicale, le tissu prostatique retiré est systématiquement analysé.

L’hypertrophie bénigne de la prostate favorise-t-elle les infections urinaires ou génitales ?

À cause du résidu restant après chaque miction, l’infection des urines à partir de bactéries présentes dans l’urètre est plus fréquente. L’infection des urines vésicales entraîne l’infection de la prostate (prostatite), ce qui peut majorer l’obstruction par compression de l’urètre pour aboutir à une rétention aiguë d’urine. L’infection peut aussi se propager de façon rétrograde au reins (pyélonéphrite) et aux testicules (orchi-épididymite).
La formation de calculs liés à la stase urinaire chronique est aussi un facteur favorisant les infections urinaires.

Comment savoir si j’ai une hypertrophie bénigne de la prostate ?

Le diagnostic d’HBP ne peut être porté que par un médecin à l’issu d’un interrogatoire, d’examen physique et parfois d’un bilan complémentaire. En revanche, ce diagnostic n’est envisagé qu’en présence de troubles urinaires (difficulté à uriner, mictions de plus en plus fréquentes ou apparaissant la nuit) qui doivent donc amener à consulter. Parfois, le diagnostic est porté au décours d’une complication apparaissant malheureusement d’emblée (prostatite infectieuse, rétention aiguë d’urine), mais cela ne justifie pas actuellement de rechercher systématiquement par échographie une HBP silencieuse en l’absence de signes urinaires. Ce d’autant plus qu’il n’existe pas de corrélation entre volume de la prostate et l’intensité des troubles.

Y a-t-il une fatalité de l’hypertrophie bénigne de la prostate ? est-ce héréditaire ?

Bien qu’elle n’ait pas été formellement identifiée sur le plan génétique, il existe une réelle prédisposition familiale à l’HBP et ce d’autant plus qu’elle survient précocement. Ces formes « familiales » sont caractérisées par des HBP avec un important volume prostatique.

Comment mon médecin traitant peut détecter que j’ai une hypertrophie bénigne de la prostate lors d’une consultation au cabinet ?

L’interrogatoire pour préciser la nature des troubles urinaires est un temps important pour le médecin. En effets, les troubles urinaires liés à l’HBP sont facilement identifiables (contrairement au cancer qui est totalement silencieux dans sa phase de développement intra-prostatique) : augmentation des mictions, le jour et la nuit, nécessité de pousser pour uriner, faiblesse du jet et longueur de la miction…
Un toucher rectal est alors effectué pour évaluer le volume de la prostate et sa consistance et rechercher un éventuel nodule palpable au bout du doigt qui peut évoquer un cancer prostatique associé.
En fin de consultation, le médecin peut décider de prescrire un bilan et éventuellement un premier traitement s’il le juge urgent.

Quelles sont les examens que va me prescrire mon médecin traitant s’il suspecte une hypertrophie bénigne de la prostate ?

Classiquement, le bilan d’une HBP comprend :

  • une échographie vésico-prostatique et rénale pour mesurer la taille de la prostate, rechercher un résidu vésical après miction signant la rétention dûe à l’obstacle prostatique et rechercher une éventuelle complication (calcul, dilatation uretérale,…).
  • Une prise de sang comprenant PSA (marqueur sanguin pour dépister le cancer de prostate), créatininémie (évaluation de la fonction rénale).
  • Une analyse d’urine (ECBU) pour rechercher une infection et/ou une hématurie (sang dans l’urine).
  • Débimétrie (non systématique) pour mesurer objectivement la valeur du débit mictionnel.
    Ces examens sont laissés à l’appréciation du médecin en fonction des symptômes.

Dois-je prévenir mon ou ma partenaire si j’ai une hypertrophie bénigne de la prostate ?

L’HBP n’ayant aucun retentissement sur la sexualité, l’information du conjoint est affaire de personne. En revanche, en cas de complication infectieuse, l’abstinence sexuelle est de rigueur bien que les germes impliqués ne soient pas le plus souvent d’origine vénérienne et donc à faible pouvoir de contagiosité.

Quels sont les traitements possibles ?

Le traitement est fonction de la gravité des troubles. Les traitements médicaux (phytothérapie, alpha bloquants et inhibiteurs de la 5 alpha-réductase) réduisent plus ou moins efficacement les troubles urinaires sans éliminer l’adénome. Les traitements chirurgicaux permettent soit de diminuer l’obstruction (incision cervicoprostatique) soit d’enlever l’hypertrophie (résection endoscopique et adénomectomie par voie haute).

L’hypertrophie bénigne de la prostate nécessite-t-elle toujours un traitement ?

L’HBP ne nécessite un traitement que si elle est responsable de troubles urinaires mal vécus par le patient ou si une complication est survenue. Le constat fortuit d’une grosse prostate non suspectée cliniquement lors d’une échographie vésicale prescrite pour un autre motif sans rapport avec l’HBP ne justifie pas de traitement, ce d’autant qu’il n’existe pas de corrélation stricte entre la taille de la prostate et l’intensité de l’effet obstructif par compression de l’urètre. Ainsi, une HBP silencieuse ou bien supportée fera l’objet d’une simple surveillance annuelle, tandis qu’une HBP avec troubles urinaires importants ou complication nécessitera un traitement adapté.

Qu’arrive-t-il en l’absence de traitement de l’hypertrophie bénigne de la prostate ? Quelles sont les éventuelles complications ?

L’HBP peut rester silencieuse toute la vie ou entraîner des troubles mineurs bien supportés selon les individus. Mais, en l’absence de traitement, une HBP avec des signes cliniques s’aggrave le plus souvent inexorablement avec le temps et entraîne des complications. Celles-ci sont parfois le mode d’entrée brutal dans la maladie à la faveur d’un facteur surajouté.
Les principales complications possibles sont :

  • la rétention aiguë d’urine (impossibilité totale et brutale d’uriner) qui nécessite un traitement évacuateur en urgence par sondage ou pose d’un cathéter sus pubien.
  • l’infection des urines qui réalise une prostatite majorant l’obstacle à la miction et peut se propager aux reins (pyélonéphrite) et aux testicules (orchiépididymite)
  • calculs vésicaux (liée à la sédimentation engendrée par le résidu vésical chronique)
  • insuffisance rénale (à un stade évolué)

Les traitements médicaux de l’hypertrophie bénigne de la prostate sont-ils efficaces ?

Les médicaments utilisés dans l’HBP servent à diminuer les troubles urinaires ressentis (ils ne guérissent pas) et sont de trois types :

  • la phytothérapie : d’efficacité inconstante mais très bien tolérés ;
    – les alpha bloquants : les plus efficaces rapidement (en quelques jours en diminuant le tonus musculaire des fibres intra-prostatique autour de l’urètre) ;
  • les inhibiteurs de la 5 alpha-réductase qui agissent sur le long terme (plusieurs mois) en diminuant le volume prostatique et donc réservés aux grosses prostates.
    Finalement, les traitements médicaux améliorent les symptômes et réduisent le risque de complications mais n’évitent pas forcément définitivement une opération.

Les traitements de l’hypertrophie bénigne de la prostate permettent-ils de conserver une sexualité normale ?

Phytothérapie et alpha bloquant n’influent pas sur la sexualité. En revanche, les inhibiteurs de la 5 alpha-réductase, par leur interférence avec le métabolisme de la testostérone, peuvent entraîner une baisse de la libido (ainsi qu’une augmentation du volume des seins) qui ne survient que dans 5 % des patients environ.

En cas de traitement médical, doit-on le prendre à vie ?

Les traitements médicaux n’éliminent pas d’adénome de la prostate. Aussi, a priori ils sont destinés à être utilisés quotidiennement en permanence et relayés par une intervention chirurgicale en cas de complications ou de perte d’efficacité.
Dans la pratique, il n’est pas rare de procéder par des cures de plusieurs mois espacées de périodes sans traitement ou, à elles seules, les mesures hygiéno-diététiques peuvent suffire pendant plusieurs mois. Car les troubles liés à l’HBP évoluent par poussées et les traitements médicamenteux doivent être au mieux adaptés aux poussées.
Par ailleurs, il est nécessaire de rappeler au patient la nécessité de prendre garde aux traitements prescrits pour d’autres maladies qui peuvent exagérer l’obstruction (anticholinergiques) ou interférer avec le traitement pris pour l’HBP.

Faut-il avoir un régime alimentaire particulier en cas d’HBP ?

Des mesures hygiéno-diététiques systématiques associées au traitement médical sont toujours utiles. Les abus d’épices et d’alcool, sont connus pour exacerber l’HBP et majorer les troubles mictionnels. En revanche, l’absorption régulière de boissons et l’activité physique régulière sont conseillées.

Quand doit-on se faire opérer ?

La chirurgie est le recours incontournable en cas d’HBP compliquée (infections urinaires à répétitions, rétention aiguë d’urine, calculs vésicaux, gros diverticules vésicaux, dilatation des cavités rénales avec ou sans insuffisance rénale) ou la présence de signes urinaires sévères non améliorés par le traitement médical maximal bien conduit.

Quelles sont les interventions chirurgicales possibles ?

Trois techniques sont utilisées :

  • la résection endoscopique prostatique qui consiste à raboter l’adénome à l’aide d’un résecteur positionné dans l’urètre est la technique actuellement la plus utilisée.
  • l’incision cervicoprostatique qui consiste à ouvrir l’urètre prostatique longitudinalement en passant par l’urètre est réservé au petits adénomes ;
  • l’adénomectomie par « voie haute » (en passant par une incision sus pubienne) est réservée actuellement aux formes compliquées et lorsque le volume de la prostate est important (> 60 cc).

Quelles sont les risques liés à l’intervention chirurgicale ?

Seul traitement radical, la chirurgie présente le risque lié à l’anesthésie (générale ou rachianesthésie) qu’elle suppose.
Dans les suites opératoires, il existe des risques d’hémorragie et de rétention par caillotage (réduit par le sondage systématique quelques jours associé au maintien d’une bonne diurèse).
A distance, des possibilités d’incontinence ou de sténose urétrale sont possibles mais faibles.
Les risques d’impuissance existent, mais le principal effet indésirable est celui de l’éjaculation rétrograde (le sperme passe dans la vessie lors de l’éjaculation) avec la chirurgie par voie haute et la résection endoscopique.

 


Questions relatives au cancer de la prostate

Avoir la prostate, est-ce une maladie ?

Non, la prostate est une glande retrouvée chez tous les hommes (jamais chez la femme). Elle sert à fabriquer le liquide séminal (milieu de « survie » des spermatozoïdes).
Elle peut augmenter de taille avec l’âge et parfois gêner la miction (l’action d’uriner). C’est alors le plus souvent une tumeur bénigne et non un cancer (« hypertrophie bénigne de la prostate »). C’est ce que l’on appelle (à tort) : « avoir la prostate ».

Qu’est-ce que le PSA ?

Le PSA (Antigène Spécifique de la Prostate) est une enzyme fabriquée par les cellules prostatiques normales. Il a probablement plusieurs fonctions, dont celle de garder le sperme liquide.
Le PSA est concentré dans la prostate. Les concentrations dans le sang sont normalement très faibles. Certaines atteintes de la prostate comme l’infection, l’inflammation et le cancer augmentent le passage du PSA dans le sang et donc les concentrations sanguines de PSA.

Devez-vous vous faire doser le PSA ?

Le PSA est dosé sur un simple prélèvement sanguin dans tous les laboratoires d’analyse. C’est le test le plus efficace actuellement pour déceler le cancer de la prostate avant qu’il ne donne des signes cliniques.
Cependant, son dosage systématique dans un but de dépistage ne fait pas l’unanimité. L’ANAES (émanation du ministère de la santé) a conclu sur l’absence d’arguments suffisants pour recommander le dépistage. L’AFU (Association Française d’Urologie) recommande le dosage annuel de PSA et un toucher prostatique à partir de 50 ans et jusqu’à 75 ans, intervalle où le traitement précoce a le plus de chances d’influer sur la survie. La limite inférieure peut-être abaissée jusqu’à 45 ans en cas d’antécédents familiaux de cancer de prostate ou d’origine africaine.
Le dosage de PSA est également utile dans le suivi d’un cancer de prostate traité.

Est-ce que l’augmentation de la concentration dans le sang de PSA signe la présence d’un cancer de la prostate ?

L’augmentation du chiffre de PSA ne signe pas la présence d’un cancer de la prostate. En particulier, un chiffre inférieur à 10 ng/ml (normale généralement fixée à moins de 4 ng/ml) correspond plus souvent à un problème bénin (adénome = hypertrophie bénigne de la prostate, inflammation, infection, autres causes non cancéreuses,…) qu’à un cancer de la prostate.
Par ailleurs, le chiffre de PSA peut fluctuer et il faut le confirmer dans les 2 mois.
Plus le chiffre de PSA est élevé, plus le risque de cancer augmente.

Comment établir définitivement le diagnostic de cancer de la prostate ?

En cas de suspicion de cancer de la prostate (PSA élevé et/ou toucher de la prostate anormal), une biopsie de la prostate est réalisée. Il s’agit d’un « carottage », c’est-à-dire d’un prélèvement de tissu prostatique avec une aiguille (8 à 12 prélèvements sous contrôle échographique en passant par le rectum).
Le diagnostic de cancer ne peut être posé que sur la constatation au microscope (examen anatomopathologique) de cellules cancéreuses.

Comment prédire la gravité d’un cancer de la prostate ?

Tous les cancers de la prostate n’ont pas la même évolution. Certains peuvent rester longtemps stables et d’autres progresser rapidement avec un risque de dissémination locale et à distance, en particulier vers les os (métastases).
Il n’est pas possible de prédire de façon précise, chez un individu en particulier, l’agressivité d’un cancer de prostate. Certains facteurs peuvent cependant donner des indications statistiques.
Un cancer est d’autant plus grave « en moyenne » que :

  • le PSA est élevé,
  • la maladie n’est plus localisée à la prostate,
  • l’aspect au microscope du tissu prostatique prélevé lors de la biopsie évoque une forme  » agressive  » (selon la classification de Gleason).

Qu’appelle-t-on le score de Gleason ?

L’aspect au microscope du tissu prostatique prélevé lors de la biopsie peut-être classé selon une classification dite de « Gleason ».
Gleason est un médecin qui a décrit cette classification qui va de 2 à 10. Plus le tissu cancéreux se rapproche de l’aspect normal, plus ce score est faible et moins le cancer est agressif. Et inversement.
La majorité des cancers de prostate sont classés entre 5 et 7.

Doit-on modifier son alimentation et son hygiène de vie en cas de cancer de la prostate ?

Certaines études préliminaires (études de laboratoire et études de population) ont montré que la graisse animale était possiblement un facteur favorisant du cancer de la prostate alors que les produits traditionnels de l’alimentation asiatique – soja, poisson, légumes (en particulier les tomates qui contiennent du Lycopène), fruits – étaient protecteurs.
Il n’y a cependant pas de preuve scientifique formelle quant à la prévention et encore moins quant au bénéfice thérapeutique. En 2007, nous devrions obtenir les premiers résultats d’une étude américaine comparative évaluant l’effet du sélénium et de la vitamine E dans la prévention du cancer de la prostate.
En cas de traitement à base d’hormones (hormonothérapie) pour un cancer de la prostate, il est essentiel de respecter certaines règles pour atténuer les effets indésirables du traitement :

  • éviter la prise de poids en contrôlant l’apport calorique,
  • faire de l’exercice quotidien (exemple : 30 minutes de marche par jour) pour protéger les os de l’ostéoporose (« décalcification »), entretenir le capital musculaire et améliorer l’humeur.

Est-ce que le cancer de la prostate est révélé habituellement par des troubles urinaires ?

C’est en fait rarement le cas depuis le diagnostic précoce par dosage du PSA. Dans les cancers diagnostiqués précocement, la tumeur est de petite taille et ne gêne pas la miction (action d’uriner). Le cancer localisé de la prostate ne donne pas de signe, argument important des défenseurs du dépistage. Les troubles urinaires associés à un cancer de la prostate restent cependant possibles dans 2 situations :

  • Le cancer de la prostate est associé (sans relation de cause à effet) à un adénome (hypertrophie bénigne de la prostate) qui est responsable des troubles urinaires.
  • Le cancer de la prostate est déjà à un stade évolué et obstrue le canal urinaire (urètre).

Peut-on prendre un traitement pour prévenir le cancer de la prostate ?

La chimioprévention désigne la prise régulière d’un agent pharmacologique pour prévenir la survenue d’une maladie.
Les résultats d’une étude évaluant les capacités de chimioprévention d’un médicament, habituellement utilisé pour le traitement des troubles urinaires sur hypertrophie bénigne de la prostate, ont été publiés récemment. Un traitement quotidien par un comprimé de ce produit pendant une durée de 4 ans avait diminué l’incidence du cancer de la prostate par rapport aux patients qui n’en prenait pas. Cependant, les cas de cancers prostatiques déclarés chez les patients traités par ce médicament semblaient plus agressifs. Cette constatation a tiédi l’ardeur des défenseurs de la chimioprévention par ce produit.
D’autres agents sont en cours d’évaluation.
Vers 2007, nous devrions avoir les résultats d’une étude évaluant les capacités de chimioprévention du cancer de la prostate par la prise régulière de sélénium et de vitamine E.

A-t-on isolé des facteurs prédisposant au cancer de la prostate ?

Il y a peu de facteurs de risque admis de façon consensuelle par la communauté médicale. Il s’agit de :
– l’âge : même si le cancer de la prostate peut survenir rarement avant 50 ans, statistiquement, le risque de développer un cancer de la prostate est d’autant plus important que l’homme est âgé.

  • les antécédents familiaux : le risque d’un individu augmente d’autant plus que le nombre d’hommes atteints d’un cancer de la prostate dans sa famille directe (ascendants et collatéraux directs) augmente.
  • la population afro-américaine (et probablement afro-européenne).
    Plusieurs autres facteurs sont suspectés mais non étayés par des preuves (comme l’obésité, la sédentarité, les régimes riches en graisses animales, le manque de vitamine D).

Qu’est-ce que le PSA libre ?

Le PSA circule dans le sang sous 2 formes : une forme liée à une protéine (la forme la plus commune) et une forme libre (en proportion moins importante). Le résultat de PSA rendu par le laboratoire correspond au PSA dit « total », c’est-à-dire l’addition des 2 formes = forme liée + forme libre.
Les études les plus récentes montrent que plus la proportion de PSA libre est importante plus le risque de cancer est faible (et inversement). C’est une notion statistique qui ne peut être appliquée de façon tranchée chez un individu en particulier. Cependant en pratique, pour un chiffre de PSA total compris entre 4 et 10 ng/ml, si la proportion de PSA libre est supérieure à 25%, le praticien est rassuré : il y a très peu de risque que cette augmentation de PSA soit due à un cancer de la prostate. Inversement, pour une proportion inférieure à 12%, le risque d’avoir un cancer est important. Entre ces 2 pourcentages (et c’est la majorité des cas), il est difficile d’accorder au PSA libre un rôle majeur dans la décision de procéder ou non à une biopsie de la prostate.
Le PSA libre permet donc d’apporter une précision supplémentaire au PSA total et, dans certains cas, d’encourager ou au contraire de freiner l’indication de biopsie.

Y a-t-il une association entre la survenue du cancer prostatique et la sexualité ?

Aucune étude convaincante n’a montré une relation entre l’activité sexuelle et la survenue d’un cancer de la prostate. Une étude de population a montré une diminution de la fréquence de survenue du cancer chez les hommes ayant eu depuis l’adolescence des éjaculations fréquentes et régulières. Cette étude n’est cependant pas validée par la communauté scientifique et reste en contradiction avec des études antérieures.

Y a-t-il une association entre la progression du cancer prostatique et la sexualité ?

Le diagnostic de cancer prostatique ne doit pas modifier la vie sexuelle de l’homme. Il n’y aucun argument en faveur de l’influence de l’un sur l’autre. Il n’y a aucun risque pour les partenaires. Cependant, le traitement du cancer peut altérer la sexualité, voire entraîner une impuissance dans certains cas.

Est-il préférable d’avoir une prostatectomie radicale (ablation totale de la prostate) par voie coelioscopique ?

La prostatectomie radicale consiste à enlever la prostate dans son ensemble ainsi que les vésicules séminales (2 petites poches appendue à la prostate, jouant le rôle de réservoir de liquide séminal).
C’est exactement le même principe par voie chirurgicale classique (dite à ciel ouvert) ou par cœlioscopie. Dans le premier cas, une incision est faite sous le nombril pour aborder la prostate et dans le 2ème cas, cet abord se fait par 5 orifices (qui permettent l’introduction d’une caméra et d’instruments chirurgicaux adaptés).
Il n’y a actuellement pas de preuve d’une supériorité de l’un de ces abords en ce qui concerne le taux de guérison. Des études sont en cours, évaluant en particulier la durée de convalescence ainsi que les résultats sur la continence et la sexualité de chacun de ces abords.

Faut-il continuer la surveillance si une biopsie prostatique ne retrouve pas de cancer de la prostate ?

Oui.
La preuve d’un cancer de la prostate est apportée par la biopsie (prélèvement par carottage de tissu prostatique à l’aide d’une aiguille dans le but de l’analyser au microscope). Malheureusement, une biopsie négative, bien que rassurante, ne suffit pas à exclure un noyau cancéreux à côté duquel l’aiguille est passée.
Dans certains cas, l’urologue peut être amené à proposer une nouvelle biopsie, en augmentant, s’il le faut, le nombre de prélèvements de tissu prostatique.

Quels sont les risques de la biopsie prostatique ?

Il est habituel (et sans gravité) d’avoir à la suite d’une biopsie un peu de sang dans les urines, les selles et le sperme. Un saignement abondant – extériorisé ou collecté sous forme d’une poche (hématome) – est considéré comme une complication. Les risques sont faibles en l’absence de traitement qui empêche le sang de coaguler normalement (comme les anticoagulants), ou des problèmes constitutionnels de la coagulation. Il faut donc prévenir votre urologue dans ces cas pour prendre les mesures adéquates.
Une infection de la prostate (prostatite) peut compliquer une biopsie. Cette situation est également rare, les biopsies étant faites sous antibiotiques, après s’être assuré qu’il n’y a pas d’infection urinaire. Si de la fièvre et des frissons survenaient dans les heures ou jours qui suivent une biopsie, il faut consulter rapidement pour avoir le traitement adéquat.
Il n’y a aucun argument qui puisse faire penser que la biopsie « accélère » le processus du cancer : la notion du  » coup de pied dans la fourmilière  » n’est pas fondée.