Cancer de la prostate, attention aux risques de chutes !

Actualités sur la Prostate

Rédigé par Estelle B. et publié le 21 décembre 2020

Certains traitements utilisés contre le cancer de la prostate pourraient-ils augmenter le risque de chute et donc de fracture ? Cette question a récemment fait l’objet d’une revue systématique de littérature et d’une méta-analyse dont les résultats ont été publiés dans la revue scientifique JAMA Network Open. Résultats.

Cancer de la prostate et risques de chutes

Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent en France, avec plus de 50 000 nouveaux cas chaque année. Pour lutter contre les différents stades de ce cancer, les équipes médicales disposent de plusieurs types de thérapies :

  • L’hormonothérapie ;
  • La radiothérapie ;
  • La curiethérapie ;
  • La chimiothérapie ;
  • La chirurgie.

Parmi les traitements possibles, figurent les inhibiteurs des récepteurs aux androgènes, encore appelés les anti-androgènes. En effet, les tumeurs prostatiques sont généralement sensibles aux androgènes. L’inhibition de la voie de signalisation des récepteurs aux androgènes permet de freiner la croissance tumorale et d’induire la mort des cellules cancéreuses. Mais ces médicaments auraient-ils pour effet secondaire d’augmenter le risque de chute et de fracture chez les patients ?

Une augmentation du risque de chutes et de fractures

Pour répondre à cette question, des chercheurs ont récemment mené une revue systématique de littérature et une méta-analyse. Au total, ils ont identifié 6 142 articles scientifiques, parmi lesquels seulement 11 répondaient à leurs critères d’inclusion dans l’étude, représentant un ensemble de 11 382 patients, d’âge moyen 72 ans. Ces 11 études étaient des essais cliniques randomisés ayant comparé le suivi de patients atteints d’un cancer de la prostate et traités soit par un placebo (4 846 patients), soit par un inhibiteur des récepteurs aux androgènes (6 536 patients).

Les trois inhibiteurs de récepteurs aux androgènes, prescrits en association avec d’autres traitements hormonaux, étaient :

Sur l’ensemble des données analysées, 525 cas de chutes ont été recensés dans le groupe traité par un inhibiteur des récepteurs aux androgènes, contre seulement 221 dans le groupe placebo.

Un risque à prendre en compte chez les patients les plus âgés

Au niveau des fractures, 242 ont été répertoriées dans le groupe traité par un inhibiteur des récepteurs aux androgènes, contre seulement 107 dans le groupe placebo. Ainsi, un traitement par un inhibiteur des récepteurs aux androgènes serait associé à une augmentation du risque de chutes et de fractures. Cette augmentation du risque était :

  • De 80 % pour les chutes de tous types et de 60 % pour les chutes graves ;
  • De 59 % pour les fractures de toutes gravités et de 71 % pour les fractures les plus graves.

De tels résultats suggèrent que le risque de chutes et de fractures soit pris en compte au moment du choix des traitements anticancéreux chez les patients atteints d’un cancer de la prostate, en particulier chez les patients les plus âgés, déjà exposés à ce risque par leur âge. Des études complémentaires sont nécessaires pour comprendre comment ces médicaments peuvent être à l’origine de chutes et de fractures, afin de définir des stratégies pour réduire ce risque.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Evaluation of Fall and Fracture Risk Among Men With Prostate Cancer Treated With Androgen Receptor Inhibitors. Jama network open. Consulté le 20 décembre 2020.