Cancer de la prostate : 15 ans après, comment ça va ?

Actualités sur la Prostate

Rédigé par Suzanne L. et publié le 27 octobre 2020

Le cancer de la prostate est fréquent, mais bien traité. Ainsi, il devient important de connaitre l’impact des différents traitements sur la qualité de vie des patients au long terme. C’est ce à quoi s’est intéressée une équipe australienne qui a suivi pendant 15 ans des patients avec un cancer de la prostate localisé. Des différences notables et des axes d’amélioration en sont sortis.

Groupe de 4 personnes agées de sexe masculin

Un cancer très bien traité…

Au niveau mondial, le cancer de la prostate est le 2e cancer le plus fréquent chez l’homme. Mais sous sa forme localisée, il est très bien traité : la survie relative à 5 ans est de 100%, et à 15 ans, de 96%. Il est alors important de s’intéresser à la qualité de vie des hommes en fonction des différents traitements possibles.

Les traitements proposés sont :

  • La prostatectomie, avec ou sans préservation des nerfs
  • La radiothérapie externe
  • La curiethérapie
  • La thérapie de privation androgénique, ou hormonothérapie
  • La surveillance active

Une étude prospective, réalisée en Australie, a porté sur la qualité de vie 15 ans après le diagnostic d’un cancer localisé de la prostate chez 1642 hommes, âgés de moins de 70 ans, comparée à celle de 786 contrôles, sans cancer de la prostate.

…Mais une qualité de vie diminuée

L’étude est basée sur des questionnaires remplis par les patients eux-mêmes, portant sur 4 domaines de qualité de vie :

De plus, les composantes mentales et physiques de la santé sont également évaluées.

Après analyse, l’étude révèle que 15 ans après le diagnostic de cancer localisé de la prostate :

  • Quel que soit le traitement, les patients cancéreux ont plus de troubles de l’érection que le groupe contrôle, avec quelques différences entre les groupes : 62.3% pour le groupe avec une surveillance active et 83.0% pour le groupe avec prostatectomie sans préservation des nerfs, contre 42.7% pour le groupe contrôle. Ces fonctions sexuelles tendent à s’améliorer avec le temps, sauf dans le groupe traité par curiethérapie à faible dose.
  • Les troubles intestinaux sont plus fréquents chez les patients traités par radiothérapie, curiethérapie à haute dose et hormonothérapie.
  • L’incontinence urinaire est plus importante et persistante chez les hommes ayant subi une prostatectomie
  • Les gênes urinaires sont retrouvées principalement dans le groupe traité par thérapie de privation androgénique, entre 10 et 15 ans après le diagnostic.
  • Le bien-être physique et mental diminue entre 10 et 15 ans après le diagnostic, dans tous les groupes.

Des axes d’amélioration dans la prise en charge

Les hommes traités pour un cancer de la prostate localisé ont ressenti une diminution de leur qualité de vie par rapport aux personnes sans diagnostic. La fonction sexuelle est la plus impactée, mais cependant, c’est l’incontinence urinaire, moins fréquente, qui a un effet plus néfaste sur la qualité de vie des patients.

Cette étude est à nuancer par deux aspects :

  • Les patients étaient classés par groupes de traitement en fonction de leur traitement primaire. L’étude ne prend pas en compte l’évolution de la prise en charge du patient dans le temps, en raison de la progression ou d’une récidive de la maladie.
  • En 15 ans de suivi, les techniques de traitement ont également considérablement progressé. Notons par exemple l’apparition de la chirurgie robotisée et de la radiothérapie stéréotaxiques, beaucoup plus précises.

Ainsi, en plus des effets indésirables à court terme des différentes options thérapeutiques, les médecins, ainsi que les patients, doivent être bien informés sur les impacts sur la qualité de vie à long terme pour choisir au mieux le traitement.

Suzanne L., Pharmacienne & Rédactrice scientifique

Source
– Fifteen year quality of life outcomes in men with localised prostate cancer: population based Australian prospective study. BMJ. Consulté le 22 octobre 2020.